Un résumé clinique des soins prodigués dans les services d’urgence aux femmes atteintes d’un syndrome coronarien aigu est en cours d’élaboration. Ce document de base sera accompagné de documents et d’outils supplémentaires axés sur des maladies ou des affections particulières susceptibles de provoquer un MINOCA.
Le réseau de médecine d’urgence de la Colombie-Britannique (BC Emergency Medicine Network) est notre premier point de diffusion, et le document sera diffusé à d’autres endroits par la suite. L’élaboration de ces outils axés sur la santé cardiaque des femmes, notamment des listes de contrôle et des diagrammes, facilitera la prise de décision en première ligne.
Les maladies cardiovasculaires (MCV) sont la principale cause de décès prématuré chez les femmes au Canada1. Le taux de mortalité chez les hommes s’est stabilisé au cours de la dernière décennie, mais il a continué d’augmenter chez les femmes au Canada2 et touchent les femmes de toutes les tranches d’âge. On constate des différences propres au sexe et au genre au niveau de la sensibilisation, des symptômes, du diagnostic, du pronostic et du traitement3. Il est parfois difficile de diagnostiquer le syndrome coronarien aigu (SCA) chez les femmes se présentant à l’urgence. Or, il est essentiel de diagnostiquer et de traiter le SCA rapidement.
Chez plus de 50 % des femmes qui subissent une SCA, les symptômes ne sont pas reconnus par le personnel soignant4. Les femmes sont sept fois plus susceptibles que les hommes d’être renvoyées chez elles5. Un malaise au niveau de la poitrine est la plainte la plus fréquente dans 90 % des cas de SCA, et ce, TANT chez les hommes que chez les femmes4.
Toutefois, les femmes ne décrivent pas leurs symptômes comme les hommes : elles parlent d’un « malaise/inconfort » ou d’une « pression » plutôt que d’une « douleur ». Les équivalents angineux, comme la dyspnée, les douleurs épigastriques et une douleur entre les omoplates, sont plus souvent signalés par les femmes et peuvent entraîner des retards de diagnostic et traitement. Les crises cardiaques sont à la hausse et touchent les femmes de tout âge. La possibilité d’une maladie cardiaque est la première chose à évaluer chez les femmes qui présentent une douleur ou une pression à la poitrine.
L’évaluation du risque de MCV chez les femmes nécessite l’évaluation des facteurs de risque traditionnels, ainsi que de ceux propres au sexe et au genre, insuffisament reconnus, et insuffisamment reconnus6.
Les MCV incluent la coronaropathie, qui peut-être obstructive ou non-obstructive. La maladie coronarienne obstructive causant un infarctus du myocarde avec ou sans avec ou sans élévation du segment ST est fréquente chez les hommes et les femmes. Toutefois, dans 5 à 15 % des cas de SCA, un infarctus du myocarde sans obstruction des artères coronaires (MINOCA) peut survenir, en particulier chez les femmes15. Une angiographie coronarienne ou coronarographie dans les cas de MINOCA révèlera une sténose de < 50 % dans une artère épicardique majeure. La mesure des troponines en série (de préférence hypersensibles) en se basant sur des seuils spécifiques au sexe est essentielle, car les premiers résultats peuvent être normaux. Le prélèvement initial de troponines doit être suivi d’un nouveau prélèvement de 1 à 3 heures plus tard pour les troponines hypersensibles et de 3 à 6 heures plus tard pour les troponines conventionnelles16. Les indicateurs de qualité de vie sont moins favorables chez les patientes atteintes de MINOCA, comparativement à celles ayant eu un SCA avec maladie coronarienne obstructive.
Les causes possibles du MINOCA sont notamment la rupture/érosion de la plaque, le vasospasme des artères coronaires (y compris le SCA qui accompagne l’activation des mastocytes causée par une réaction allergique, anaphylactique ou l’hypersensibilité : syndrome de Kounis17), la dysfonction microvasculaire, l’embolie coronarienne et la dissection spontanée de l’artère coronaire (DSAC)15.
Ce matériel éducatif vous est offert par le Groupe de travail sur l’application et la mobilisation des connaissances de l’Alliance canadienne de santé cardiaque pour les femmes. Font partie de l’équipe de rédaction la Dre Shahin Jaffer, la Dre Christine Pacheco, la Dre Najah Adreak, Dre Jill Bruneau, Helen Robert, Karen E. Jacques et Meagan Noble. L’Alliance est pilotée par le Centre canadien de santé cardiaque pour les femmes à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa.